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Phénomènes

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les avis de Cinemasie

6 critiques: 1.96/5

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3 critiques: 1.5/5



Ghost Dog 2.5 Rationnel ? Métaphore ? Autorégulation naturelle ? Un conte qui interroge...
Marc G. 0 Palsambleu ! C'est arrivé !! ... Tout les acteurs jouent mal ! mon dieu ... ...
Ordell Robbie 2 Plombé par un scénario des plus baclés.
François 2.5 Très bonne idée de départ, mais exploitation tragi-comique un peu légère
Aurélien 1 Absence de fond, absence de forme
Xavier Chanoine 3.75 L'art de se moquer des conventions
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Très bonne idée de départ, mais exploitation tragi-comique un peu légère

Pour ne pas paraphraser la critique très détaillé de Carth, j'ajouterais que ce Phénomènes surprend un peu par sa forme très antispectaculaire. On savait déjà que M Night Shyamalan ne faisait pas dans l'épate à la caméra, mais ici, sa sobriété est accompagnée d'un duo photo/musique beaucoup trop plat pour être involontaire. Pas de scope déjà, une photographie pas du tout Hollywoodienne, une musique très clichée qui rappelle plus une série télé que les habituelles compos de James Newton Howard. Quasiment pas d'effets spéciaux spectaculaires mise à part une scène au début du film. Le reste pourrait se tourner avec un budget ridicule. Bref, on sent l'hommage aux vieux films du genre qui à l'époque ne pouvait se permettre des effets spéciaux convainquants.

Cela étant dit, malgré l'idée de départ géniale (l'homme devient son propre tueur), la mise en scène souvent captivante, le film manque sérieusement de matière et se permet des facilités très décevantes. La progression qui divise le groupe progressivement est intéressante, mais on comprend vite le schéma. Pas vraiment de scènes de frousse efficace comme dans 6ème Sens ou de scènes intenses comme dans Incassable. Shyamalan a son idée, mais ne fait finalement pas trop quoi en faire. Et le film manque singulièrement de finesse par moment. Notamment lors d'une introduction trop Hollywoodienne, où le professeur, oh coïncidence, parle du phénomène inexpliqué de la disparition des abeilles. Et même schéma "gros sabots qu'on ne voit pas venir" pour la conclusion du film avec son "mais si ce phénomène arrivait dans un autre endroit, alors ça changerait tout!". Et paf, devinez ce qui arrive dans la scène suivante... Peu surprenant dans un film américain finalement, mais beaucoup plus pour un Shyamalan qui nous avait tout de même habitué à mieux.

Au final, si l'idée de base était forcément alléchante, le résultat ne peut pleinement convaincre. A la limite pour un épisode de série TV... Mais nettement moins lorsqu'on paye sa place ou son DVD.

03 juillet 2008
par François




Absence de fond, absence de forme

Quand bien même la seule raison d'exister de cet objet ne présentant aucune des qualités formelles qui auraient pu le distinguer d'un vulgaire téléfilm serait de raconter une histoire, encore aurait-il fallu que Shyamalan sache comment s'y prendre et que son propos ait un minimum de consistance. Passées les 45 premières minutes, l'absence d'un quelconque rapport à ce qu'il filme et le vide d'un scénario qu'il tente péniblement d'étirer en longueur laissent pour seul loisir au spectateur de constater combien la mise en scène est pauvre et la direction d'acteurs catastrophique.

15 juin 2008
par Aurélien




L'art de se moquer des conventions

Il est dingue de voir à quel point M. Night Shyamalan arrive à nous faire gober l'histoire la plus improbable qui soit. Il est dingue de voir que, film après film, le cinéaste se joue autant de nous avec la facilité des plus grands, comme si mêler vrai regard d'auteur et cahier de charge du premier film fantastique venu pouvait aboutir à un résultat franchement concluant et à la hauteur des espérances de l'amateur de ce cinéma si particulier. Mais comme d'habitude et surtout depuis le magnifique Signes, le cinéaste est en constant combat contre le grotesque, une lutte acharnée qui lui vaut aussi bien l'étiquette de cinéaste précieux que celle de faiseur de fumisteries : le grotesque, on l'effleure au niveau du twist final de Sixième Sens, on l'atteint clairement avec les chapeaux en alu de Mel Gibson et de sa petite famille dans Signes tout comme pour le secret du Village qui oblige la population à vivre en autarcie ou la bête légendaire du beau Lady in the Water, ennemi de la belle jeune fille du niveau d'un mauvais Disney, mais pourtant cette patte qui effleure le grotesque n'est jamais un facteur qui traîne ces films vers le bas, bien au contraire, il apporte toute l'empathie envers les personnages seuls, malheureux, abîmés par le fléau inconnu. On retrouve à nouveau ce fléau dans Phénomènes, cet inconnu qui massacre par paquet la population des Etats-Unis, cet inconnu qui se réveille un beau matin pour disparaître le lendemain, comme ça, sans explications concrètes. Pourtant le spectateur croit en ce phénomène parce qu'il est propre à la diégèse, propre à l'univers déjà bien marqué d'un véritable auteur qui a son mot à dire dans l'industrie bien trop formatée et dirigiste du cinéma d'épouvante actuel. L'art du paradoxe, Shyamalan et Phénomènes le démontrent de nouveau, le film regorgeant de poncifs sur toute la ligne mais Shyamalan tire pourtant son épingle du jeu par le détournement de ces poncifs : le cinéaste crée suffisamment de tension et de danger ressentis dans le hors champ pour vriller vers la bonne blague potache, il faut voir Mark Wahlberg parler à la plante de la maison décorative pour s'en convaincre. Un modèle de poncif? Une partie de la population de Manhattan en partance pour Philadelphie, la relation ambiguë entre Elliot (Mark Wahlberg) et sa femme, les messages d'alerte à la radio, le père qui abandonne sa petite fille pour aller retrouver sa femme, les discours scientifiques tirés par les cheveux, les rednecks grossis au crayon gras, et la liste est encore longue. Shyamalan n'a pas peur non plus du ridicule, du changement de ton bref et pourtant moteur quant à la bonne dynamique du film apocalyptique : la séquence des mamies cloîtrées dans leur maison et armées de chevrotines témoignent de cette volonté de casser le ton du film.

Tout comme lorsque les moments de panique sont contrebalancés par l'apparition de personnages grotesques, comme ce couple d'écolos dont le mari n'est autre que le Horace de Docteur Quinn femme médecin, ce militaire improvisé ou cette vieille femme habitant seule, inquiétante et cinglée, pointant le viseur de Shyamalan vers la cible "film d'épouvante pur et dur" avec en fond de tiroirs les strasses d'un terrorisme possible -ce que les gens ne savent pas c'est que le terrorisme ne vient pas de l'étranger, mais de la nature. Et quelle réussite, comme toujours chez Shyamalan la poésie côtoie le film d'épouvante, qui côtoie le film d'auteur et les éléments inhérents au film catastrophe pour un résultat qui tend à réfléchir, qui plus est lorsque le cinéaste pousse la fable écologique dans un domaine pas souvent abordé : celui du film d'horreur mainstream. Ici, pas de fantômes, pas d'êtres masqués ou d'extraterrestres, mais des arbres et des plaines meurtrières. Parce que la nature n'en peut plus de l'homme lorsqu'il est en groupe (métaphore de l'urbanisation) ou lorsqu'il oublie l'amour. Le discours du cinéaste peut paraître incroyablement niais, surtout lorsque l'ensemble est teinté de mélodrame faiblard à coups de vannes à six sous (Wahlberg retorquant à sa belle qu'il a rencontré une pharmacienne canon) mais à l'écran la fable est cohérente et surtout, jusqu'au-boutiste, Shyamalan assumant parfaitement le discours volontairement simpliste pour laisser libre cours à son imagination débordante de petites idées placées à des moments importants du récit : chaque endroit abandonné est une menace, mais l'extérieur est une menace permanente. Que faire? Il faut aussi se séparer puisque selon les théories -plus ou moins vérifiées- d'Elliot, il est déconseillé de rester en groupe sous peine de subir les foudres de la nature, obligeant l'être humain à s'automutiler et se tuer. Mais qui dit film fleuretant avec le grotesque ou la redite du cinéma de Shyamalan ne veut pas pour autant dire film inoffensif, Phénomènes étant parsemé de petites scènes d'épouvante bien faites, où l'art du hors champ et de la vision troublée de manière volontaire par le chef opérateur crée l'effroi ou l'interrogation : la séquence visible par téléphone portable du dresseur dévoré par ses propres lions rappelle étrangement le côté documentaire du film-souvenir où une fête d'anniversaire se voit interrompue par la présence d'un extraterrestre dans Signes, moment de pure panique car "trouble" aux yeux du spectateur, la partie en fin de métrage se déroulant dans la demeure de la vieille femme seule est aussi un des grands moments d'épouvante de Phénomènes. De plus, la mise en scène tout en douceur donne lieu à de bonnes séquences, comme ce pistolet du policier ramassé tour à tour par des passants ou le rassemblement de survivants en pleine campagne autour de cette femme qui cherche à comprendre ce que lui dit sa fille par téléphone. Par la musique de James Newton Howard et les mouvements de caméra, on croirait parfois être en face d'un Hitchcock. Au final, Phénomènes est une oeuvre parfaitement recommandable, intéressante dans son discours et passionnante parce qu'habitée par le paradoxe du début à la fin. Rarement le cocktail regard d'auteur, poncifs, comique involontaire et film d'épouvante aura débouché sur un résultat aussi concluant.



13 juin 2008
par Xavier Chanoine


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